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#Santé

Pr Christelle Monville : proposer des thérapies cellulaire pour les pathologies rétiniennes

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OPTICIENS ORTHOPTISTES OPHTALMOLOGISTES
21/11/2022

Professeure des universités, Christelle Monville enseigne la biologie à l’université d’Evry-Val-d’Essonne à tous les niveaux d’étudiants, depuis les bases de la biologie et de la physiologie jusqu’à des sujets plus pointus de neurosciences. Neurobiologiste de formation, elle a fait sa thèse de neurosciences sur la maladie de Huntington à l’université de Créteil, avec une approche thérapie cellulaire. Elle part ensuite quatre ans en post-doctorat à Cardiff, au Pays de Galles. Elle y intègre l’équipe de Steve Dunnett, pionnier et grand spécialiste de la transplantation des neurones pour le traitement des maladies neurodégénératives. Lorsqu’elle revient en France, en 2005, c’est pour passer le concours de maître de conférences à l’université d’Evry. A cette même période, son ancien directeur de thèse, Marc Pechanski, crée le laboratoire I-Stem et lui propose d’être de l’aventure. La Pr Christelle Monville rejoint dans un premier temps l’équipe qui travaille sur les neurosciences et la maladie de Huntington.

 

Pr Christelle Monville
Directrice d’équipe à l’I-Stem, Institut des cellules souches pour le traitement et l’étude des maladies monogéniques, équipe de rétinopathies.
Experte en thérapie cellulaire et différenciation des cellules souches.

Christelle Monville

Pr Christelle Monville © AFMTelethon

 

Pivoter vers les pathologies rétiniennes, une question d'opportunité

Peu après la création d’I-Stem, l’Institut de la Vision se monte sur Paris. La possibilité de faire dialoguer leurs expertises respectives sur les cellules souches et les pathologies de la vision entraîne rapidement une collaboration, qui continue à ce jour, avec l’équipe du Dr Olivier Gouraud et du Pr José-Alain Sahel. L’objectif : combiner leurs savoirs pour trouver des approches de thérapies cellulaires par cellules souches pour les pathologies de la vision. En effet, « si on reprend le fil du développement embryonnaire, on constate bien que la rétine est une excroissance du cerveau », rappelle la chercheuse, qui se dit « fascinée par cet organe, qui reste très mystérieux ». Elle fonde alors l’équipe Rétinopathies. Un de ses axes de travail consiste à créer à partir de cellules souches des modèles cellulaires des pathologies rétiniennes génétiques. En comparant les cellules mutées à des cellules saines, la chercheuse et son équipe cherchent à la fois à mieux comprendre les mécanismes impliqués dans ces maladies, mais aussi à tester l’action de différentes molécules d’intérêt thérapeutique. C’est une approche qu’elle applique notamment au syndrome d’Alström, une maladie génétique rare caractérisée par un tableau clinique complexe qui se manifeste dès les premiers mois de vie, et comporte l’apparition précoce d’une forme de rétinite pigmentaire, ces dégénérescences de certaines cellules de la rétine qui peuvent provoquer une perte graduelle de la vision allant jusqu’à la cécité.

Un essai de thérapie cellulaire prometteur

Un autre axe majeur de travail pour l’équipe du Pr Christelle Monville, est un essai clinique de thérapie cellulaire lancé en 2019, après 10 ans de recherche portant entre autres sur des modèles murins. Celui-ci devrait se terminer à la fin de l’année 2022 et concernera douze patients atteints d’une forme de rétinite pigmentaire affectant l’épithélium rétinien, qui représente environ 5% des cas rencontrés. « Nous construisons un patch de 3mm sur 5 à partir de cellules souches pluripotentes que nous faisons se différencier et s’organiser entre elles pour former de l’épithélium pigmentaire rétinien. C’est un tissu de soutien des photorécepteurs qui agit comme une sorte de nourrice en les nettoyant, leur fournissant de la nourriture…» explique la Pr Monville. « Ce patch est ensuite inséré dans la rétine par un chirurgien, le Dr Bertin, de l’hôpital des Quinze-Vingts. Il vient remplacer les cellules malades et ralentir, voir stopper la progression de la maladie ».
 

L’objectif : produire un patch mixte composé de cellules de l’épithélium et de photorécepteurs,
pour tenter d’apporter une solution aux patients touchés par d’autres formes de pathologies rétiniennes.


Après leur opération, les patients greffés seront suivis pendant cinq ans, pour s’assurer de la sécurité et de l’efficacité de la thérapie. Mais de premiers résultats pourront être publiés dès 2023. En parallèle l’équipe continue à travailler à l’amélioration de son patch, notamment sous l’angle de la culture cellulaire en 3D. L’objectif : « arriver à produire un patch mixte composé de cellules de l’épithélium et de photorécepteurs, pour tenter d’apporter une solution aux patients touchés par d’autres formes de pathologies rétiniennes ». Car au-delà des seules rétinites pigmentaires - dont on connait plusieurs dizaines de forme - cette technique innovante ouvre des perspectives thérapeutiques pour l’ensemble des maladies de la rétine, et ce qu’elles soient rares ou non, génétiques ou liées au vieillissement, comme la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Suite à l’essai en cours, de phase I/II, la chercheuse espère pouvoir en lancer un de phase III, impliquant plusieurs centres de recherche et plusieurs chirurgiens, pour voir si la technologie peut être transférée de façon robuste et proposée à des patients atteints de DMLA, ce qui représente tout de même 2 millions de personnes rien qu’en France.

Propos recueillis par Aline Aurias

 

Photo en vignette : équipe de la Pr Christelle Monville à l'I-Stem © AFMTelethon

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